Numéro de collection : 501 Titre : Histoire ecclésiastique, tome I. Livres I-II Année de parution : 2006 ISBN : 2204080233 Domaine : Grec Imprimeur : Imprimerie Lavauzelle-Graphic Date de sortie : avril 2006 Prix du volume en euros : 45.00 Nombre de pages : 540 Tirage : 2500
Œuvre contenue dans ce volume
Histoire ecclésiastique 1-2 ( - 448)
Genre : Récit
Langue originale : grec
Langue de transmission : grec
Résumé de l'œuvre :
« L'histoire que voici embrasse une période de cent cinq ans : commencée avec la rage d'Arius, elle s'achève à la mort des hommes admirables que furent Théodore (de Mopsueste) et de Théodote (d'Antioche). » Théodoret exprime ainsi ce qu'il a voulu faire : une histoire ecclésiatique dans la continuité de celle d'Eusèbe de Césarée, depuis le concile de Nicée (325) qui condamna Arius, jusqu'à la veille de celui d'Éphèse (431). Conçue comme une machine de guerre contre Arius et ses partisans, c'est une histoire polémique qui est déroulée devant le lecteur. Dans ce « combat de Dieu et de Satan », dans lequel l'évêque de Cyr est partie prenante, les documents, sélectionnés avec soin dans les archives de l'Église d'Antioche, sont autant d'armes destinées à « prouver la folie » de l'adversaire, face à « l'enseignement apostolique » du narrateur-pasteur dont l'art de la mise en scène constitue l'arme principale de séduction.
Comme l'Histoire ecclésiastique de Socrate, dont la publication s'achèvera à l'automne prochain et celle de Sozomène, dont les trois derniers livres paraîtront début 2007, l'Histoire ecclésiastique de Théodoret de Cyr couvre la même période chronologique, celle qui s'étend du règne de l'empereur Constantin à celui de Théodose II. Il ne faudrait pas croire pour autant, quoiqu'on cite d'ordinaire ces trois auteurs à la suite et qu'ils représentent tous les trois le point de vue orthodoxe, qu'on a affaire à une même « histoire », trois fois répétée. Au-delà d'évidents parallèles, chacune de ces histoires relève, en effet, d'une construction qui lui est propre, chaque auteur mettant en œuvre la méthode qui sert le mieux son dessein. Celui de Théodoret est essentiellement apologétique, tout entier tourné vers la défense de l'orthodoxie et de la foi de Nicée, ce qui ne fait qu'un pour lui avec la défense de l'orthodoxie de l'Église d'Antioche. Voilà pourquoi cette histoire, comme celle d'Eusèbe de Césarée, dont Théodoret est à cet égard un fidèle continuateur, vise non seulement à conserver « la mémoire des événements qui sont advenus dans les Églises », mais plus encore peut-être à être « édifiante », en proposant à l'admiration du lecteur, les icônes de l'orthodoxie que sont, par exemple, Eustathe d'Antioche, Diodore et surtout Mélèce. Un des grands intérêts de l'Histoire de Théodoret, et c'est là un autre point commun avec Eusèbe, est qu'il cite de très nombreux documents, lettres et textes synodaux, précieux pour l'historien des doctrines. Comme chez Eusèbe encore, l'histoire politique et événementielle ne sert chez lui que de toile de fond commode pour encadrer le récit : Théodoret n'éprouve pas le besoin, comme Socrate, de fournir des datations précises. Dans une histoire que conduit la Providence, la « piété » des empereurs, c'est-à-dire leur orthodoxie, importe plus que leur action : c'est elle qui fait ou non les « bons » empereurs. Comme Facundus, Théodoret a donc des vues intéressantes sur la relation qui doit exister entre le pouvoir et l'Église : loin d'avoir à s'immiscer dans les affaires religieuses, l'empereur doit se soumettre aux décisions prises par les évêques à qui il appartient de définir la foi orthodoxe ; il lui revient seulement de les faire appliquer.
Dans l'introduction rédigée par Annick Martin, professeur émérite de l'Université de Rennes, le lecteur trouvera tous les renseignements utiles sur Théodoret et sur son projet historiographique. Signalons encore deux points importants. Le premier concerne la datation de l'ouvrage : selon A. Martin, sa rédaction, qui pourrait avoir été entreprise vers 444, serait achevée avant 448, date de l'assignation à résidence de Théodoret ; après cette date, en effet, l'évêque de Cyr n'avait plus la possibilité de se rendre à Antioche pour y consulter les archives épiscopales, indispensables à son travail d'historien. Si l'on retient cette datation haute, il faut donc en tirer une conséquence : l'Histoire ecclésiastique de Théodoret est antérieure à celle de Sozomène, achevée en 450.
La traduction est celle de Pierre Canivet, professeur émérite de l'Université Paris X-Nanterre, et spécialiste de Théodoret, dont il a publié dans la collection « Sources Chrétiennes » plusieurs traités, la Thérapeutique des maladies helléniques (SC 57.1 et 57.2), objet de sa thèse de doctorat (Histoire d'une entreprise exégétique au ve siècle, Paris 1957), et l'Histoire des moines de Syrie (SC 234 et 257). Sa mort est survenue au moment où l'ouvrage sortait des presses de l'imprimeur, mais P. Canivet aura eu la joie d'en voir les dernières épreuves. Sa traduction a été revue et annotée par quatre universitaires, un philologue, Jean Bouffartigue (Paris X-Nanterre) et trois historiennes, Annick Martin (Rennes), Luce Pietri (Paris IV-Sorbonne) et Françoise Thelamon (Rouen), qui ont travaillé en collaboration étroite entre eux et avec P. Canivet. Outre l'introduction générale, on trouvera dans ce volume (SC 501) les deux premiers livres de cette Histoire ecclésiastique qui en contient cinq en tout. Le livre I commence avec les débuts de l'hérésie arienne, alors que Constantin est désormais seul empereur (324), et s'achève avec l'exil d'Athanase et la mort de Constantin. Le livre II couvre le règne de « l'impie » Constance et s'achève avec sa mort en 361. Plusieurs tableaux en annexe offrent une chronologie des événements cités dans les livres I et II ; on appréciera tout autant ceux qui figurent dans l'Introduction et mettent clairement en évidence le caractère apologétique et antiochien de l'Histoireecclésiastique de Théodoret. Enfin, deux cartes, réalisées par un membre de l'Institut, Blandine Sauvelet, permettent de situer aisément les lieux cités dans ces deux livres. Les livres suivants devraient paraître sans tarder. Ainsi disposerons-nous bientôt, dans la Collection, de l'œuvre des trois historiens « orthodoxes » du ve siècle. Il sera intéressant de confronter leur présentation des faits à celle de Philostorge, le représentant d'un arianisme extrême : son Histoire ecclésiastique, elle aussi, en préparation pour « Sources Chrétiennes » vient du reste de faire l'objet d'un colloque à Strasbourg, auquel a participé notre ami Guy Sabbah, éditeur de Sozomène. (J.-N. Guinot, 2005)