Numéro de collection : 493 Titre : Histoire ecclésiastique, Livres II-III Année de parution : 2005 ISBN : 2204078662 Domaine : Grec Imprimeur : Imprimerie Paillart Date pour le bon à tirer : avril 2005 Date de sortie : juin 2005 Prix du volume en euros : 30.00 Nombre de pages : 376 Tirage : 2000 Etat du stock : 1518 en mars 2006
Le second tome de l'Histoire ecclésiastique de Socrate de Constantinople (SC 493) contient les livres II et III, qui couvrent respectivement les règnes des fils de Constantin - Constantin II et Constance - soit les années 337 à 361, et les règnes de Julien et Jovien, soit les années 361 à 364. Le texte grec est celui de l'édition G.C. Hansen (GCS), la traduction, celle de M. Pierre Maraval, professeur émérite à l'Université Paris IV-Sorbonne, et du P. Pierre Périchon, s.j. (†) ; Pierre Maraval a également rédigé les notes de ce volume.
Ce qui est vrai de l'Histoire de Bède l'est déjà deux siècles et demi plus tôt de celle de Socrate : l'histoire générale sert essentiellement de cadre à l'histoire ecclésiastique, elle n'est pas l'objet sur lequel l'auteur exerce sa réflexion. Ainsi le livre II est-il principalement une histoire de la crise arienne, dont les nombreux conciles postérieurs à celui de Nicée (325) forment tout à la fois l'armature et la substance, Socrate citant souvent in extenso les confessions de foi et les résolutions auxquelles ils ont donné lieu. Le point de vue adopté par l'auteur, écrit P. Maraval, « est toujours strictement nicéen, et même athanasien » : ainsi Socrate a-t-il contribué, au même titre que ses successeurs, Sozomène et Théodoret, à fixer jusqu'à nos jours l'historiographie « orthodoxe » de cette crise, tout opposant au concile de Nicée étant systématiquement et sans nuance réputé arien.
Au livre III, la crise arienne reste encore largement évoquée, notamment à l'occasion des mesures prises par l'empereur Julien, dès son avènement, en faveur des évêques exilés : Athanase d'Alexandrie, Lucifer de Cagliari, Eusèbe de Verceil, Mélèce d'Antioche, pour ne citer que les plus connus. Mais Socrate s'y intéresse aussi à la politique religieuse de l'empereur apostat, relatant les mesures prises par lui contre les chrétiens et la persécution, non sanglante mais sournoise, qui vise à les écarter de l'enseignement ou de certaines charges publiques. Il rapporte son acharnement contre le martyr Babylas dont il fait transférer le corps du faubourg de Daphné au cimetière d'Antioche, sous prétexte que la tombe du martyr, proche du temple d'Apollon, est une souillure et empêche le dieu de délivrer ses oracles. Il relate aussi comment, pour faire mentir les prophéties du Christ, Julien ordonne la reconstruction du Temple de Jérusalem. Il insiste sur la vanité de telles mesures : l'incendie du temple d'Apollon à Daphné au lendemain de la translation des restes du martyr, et le tremblement de terre qui renverse les fondations du Temple de Jérusalem, sont autant de preuves que son entreprise de restauration du culte païen est vouée à l'échec. La mort de l'empereur, en juin 363, au début de son expédition contre les Perses, le confirme de façon éclatante. Dans le jugement qu'il porte sur l'homme, Socrate, d'ordinaire plus mesuré, n'est guère plus tendre ou charitable que ne le fut Grégoire de Nazianze dans ses invectives contre Julien, au lendemain de sa disparition : « C'était un homme peu sûr à cause de son ardeur, vaniteux à cause de sa culture, méprisable à cause de sa feinte bienveillance » (III, 21, 16).
En guise de conclusion sur ce règne, il consacre un long chapitre à la critique de l'éloge de l'empereur Julien par Libanios, le grand sophiste d'Antioche, et cite à dessein le portrait-charge que Grégoire trace de l'empereur dans ses invectives. Celui qu'il fait de Libanios lui-même n'est pas moins cruel :
« Je sais que s'il (= Libanios) n'avait pas été de même opinion que l'empereur en matière de religion, il aurait dit de lui tout ce que disent les chrétiens, et que vraisemblablement, comme un sophiste qu'il était, il aurait exagéré ce qu'il disait. Puisqu'il écrivait aussi des louanges sur Constance lorsqu'il était en vie, mais que, lorsqu'il fut mort, il déversait sur lui des injures pleines de griefs, il en résulte que, si Porphyre avait été empereur, il aurait préféré ses livres à ceux de Julien, et si Julien avait été sophiste, il aurait dit qu'il était un mauvais sophiste» (III, 23, 3-5).
Le livre III s'achève avec l'avènement de Jovien, le type du bon empereur - « un homme courageux et de bonne naissance, qui lorsqu'il était tribun et que Julien proposait aux militaires, par une loi, de sacrifier ou de quitter l'armée, avait préféré déposer le ceinturon plutôt que d'obéir à l'ordre impie de l'empereur » (III, 22, 1) - dont la politique religieuse contraste, elle aussi, avec celle de Julien. Le livre se clôt sur la mort soudaine et prématurée de ce « bon empereur » après sept mois de règne et un éloge appuyé de la part de l'historien Socrate : « Les affaires des Romains, les affaires publiques comme celles des églises, auraient connu un heureux sort avec un si bon empereur, si une mort soudaine n'était survenue pour arracher un tel homme aux affaires » (III, 26, 4). Deux autres volumes seront nécessaires pour achever cette publication. (J.-N. Guinot, 2004)