Numéro de collection : 495 Titre : Histoire ecclésiastique, tome III. Livres V-VI Année de parution : 2005 ISBN : 2204079189 Domaine : Grec Imprimeur : Imprimerie Floch Date pour le bon à tirer : octobre 2005 Date de sortie : décembre 2005 Prix du volume en euros : 29.00 Nombre de pages : 504 Tirage : 2000 Etat du stock : 1741 en mars 2006
Œuvre contenue dans ce volume
Histoire ecclésiastique (Livres V-VI) (380 - 448)
Genre : Chronique
Résumé de l'œuvre :
Après les livres II et III de l'Histoire ecclésiastique de Socrate de Constantinople (SC 493), voici les livres V et VI de celle de Sozomène (SC 495, 489 pages + 2 cartes). Le livre V tout entier concerne l'histoire de l'Église sous le règne de Julien (361-363), dont le récit ne s'achève en réalité qu'au début du livre VI, avec sa mort au cours de son expédition contre les Perses. La suite du livre VI couvre une période plus étendue et envisage successivement le règne très bref de Jovien (363-364), puis, de manière très inégale, les règnes de Valentinien (364-375) en Occident et de Valens en Orient (364-378). L'Histoire de Sozomène dans ces deux livres recoupe donc en partie celle dont traite Socrate dans le livre III, consacré aux règnes de Julien et de Jovien.
Malgré les nombreux parallèles que l'on peut établir entre Socrate, Sozomène et Théodoret, trois historiens du ve siècle, presque contemporains, qui traitent en gros des mêmes périodes, chacun a sa manière propre d'écrire l'histoire. Celle de Sozomène n'est pas celle de Socrate ni celle de Théodoret, bien que, chez eux, comme déjà chez Eusèbe, l'histoire générale serve seulement de cadre à l'histoire ecclésiastique. Sozomène est plus abondant que Socrate. A la différence de ce dernier, il groupe habituellement ses livres par paires. Ainsi le règne de Constantin occupe-t-il les livres I et II de son Histoire (SC 306) et ceux de ses fils les livres III et IV (SC 418), alors que, chez Socrate, Constantin et ses fils ont chacun droit à un seul livre. D'autre part, Socrate se montre ordinairement attentif à la chronologie et s'efforce de préciser la date des événements qu'il rapporte. Sozomène n'a pas ce souci et ses indications temporelles sont le plus souvent vagues (« en ce temps-là », « vers cette époque »). Il n'hésite pas non plus à sortir du cadre temporel de son récit pour relater des événements postérieurs qui lui permettent de traiter une « question » dans sa totalité. Enfin, à l'exemple d'Eusèbe de Césarée, Socrate comme Théodoret citent abondamment textes et documents, tandis que Sozomène ne le fait qu'exceptionnellement. Non qu'il ignore ou renonce à consulter les sources pour écrire son histoire, mais il a de l'histoire une conception plus « classique », plus livienne pourrait-on dire, comme le souligne Guy Sabbah dans son introduction.
Sans doute, chacune de ces histoires est-elle écrite d'un point de vue strictement nicéen, celui qui, depuis Socrate, comme l'écrit P. Maraval, a fixé durablement l'historiographie « orthodoxe » de la crise arienne, même si Sozomène se défend d'être un théologien. De fait, il juge trop complexes les débats dogmatiques, dont il est amené à retracer l'histoire, pour se risquer à y entrer et à prendre parti. Aussi, plus que Socrate ou Théodoret, s'efforce-t-il prudemment de rester « extérieur » aux débats doctrinaux - en se refusant par exemple à transcrire les termes d'un symbole de foi, sous prétexte qu'il ne convient pas de divulguer ce qui est réservé aux seuls initiés. Cette application à garder une certaine distance par rapport à l'objet de son étude ne l'empêche nullement bien sûr de s'intéresser à la vie de l'Église, à la liturgie, au développement du monachisme. Ainsi consacre-t-il de longs chapitres, au livre VI, à Antoine et aux Pères du désert, agrémentant son récit de plusieurs anecdotes et de quelques « apophtegmes ». Cet intérêt de Sozomène pour le monachisme - en témoignent aussi, au livre III, les pages consacrées au saint moine Hilarion dont Jérôme a écrit la Vie - a fait supposer que Sozomène, né près de Gaza en Palestine, aurait pu recevoir sa première éducation dans un monastère, avant d'entreprendre, sans doute à Béryte (?), des études supérieures de droit. A la vérité, nous ignorons presque tout de sa vie. La seule chose assurée est qu'il se trouve à Constantinople - mais depuis quand ? - en 443 et qu'il y occupe la profession de juriste ou d'avocat (scholasticos), sans que l'on puisse préciser le cadre dans lequel s'exerce son activité. La dédicace de son Histoire ecclésiastique à l'empereur Théodose II, dont le Code qui porte son nom est promulgué en 438, n'est pas une preuve suffisante pour affirmer sa présence à la Cour. Il faut donc se résoudre, comme pour Socrate, à presque tout ignorer de l'homme et de sa carrière, en dehors de son œuvre, du reste inachevée. Elle s'interrompt, en effet, brusquement, après avoir couvert les premières années du règne de Théodose jusqu'en 414, alors que le projet initial de l'auteur était de conduire son Histoire jusqu'en 439. La mort ou la maladie auraient-elles empêché Sozomène d'aller au bout de son projet ?
De même que le point de vue nicéen oriente et conditionne leur présentation de la crise arienne, le regard que portent Socrate et Sozomène sur le règne de Julien relève fondamentalement d'une même historiographie. Il serait, en effet, bien difficile de prétendre que l'un dessine de l'empereur apostat un portrait plus équitable ou se montre plus modéré que l'autre dans ses jugements. Même s'ils s'efforcent d'adopter un ton plus conforme à celui de l'historien, ils demeurent malgré tout, consciemment ou non, tributaires des invectives de Grégoire de Nazianze contre Julien (cf. SC 309). Dans son introduction aux livres V et VI de Sozomène (p. 22), G. Sabbah marque bien toutefois où se situe la différence entre les deux historiens sur ce sujet, quand il écrit :
«Alors que, pour Socrate, Julien est un être déraisonnable, mais animé d'intentions qui n'étaient pas foncièrement méchantes, Sozomène voit en lui un être suprêmement intelligent, fourbe et pervers dont les intentions étaient profondément mauvaises, du début à la fin.»
Voilà pourquoi, sans doute, Sozomène ne retient rien de positif de la politique de Julien. Après avoir consacré tout le livre V à sa politique intérieure, réduite du reste à sa tentative avortée de restauration du paganisme, il réserve les deux premiers chapitres du livre VI à sa politique extérieure et à l'expédition contre les Perses où il trouva la mort : il y voit le fiasco lamentable d'un empereur ambitieux et vaniteux qui rêvait de se prendre pour Alexandre ! A la mort de Julien, au début du livre VI, fait écho, à la fin du même livre, celle d'un autre empereur ennemi de l'Église, l'arien Valens. Mais c'est surtout dans le cas de Julien que paraît s'affirmer chez Sozomène, d'ordinaire plus rationaliste, une conception religieuse, providentialiste et même merveilleuse de l'histoire, puisque les miracles, les songes et les signes prémonitoires y tiennent alors une place importante.
Comme les deux précédents, ce volume, publié avec le concours de l'œuvre d'Orient, est l'œuvre d'une collaboration étroite entre Bernard Grillet, maître assistant honoraire à l'Université Lyon 2, et Guy Sabbah, professeur émérite de cette même université, le premier s'étant chargé principalement de réviser sur le texte grec de l'édition J. Bidez (GCS) la traduction laissée à « Sources Chrétiennes » par le P. A.-J. Festugière (†), le second de l'introduction et de l'annotation historique de ces deux livres. Un quatrième volume, avec lequel s'achèvera prochainement cette publication, contiendra les livres VII-IX. (J.-N. Guinot, 2005)